mardi 25 octobre 2016

À la recherche du bonheur perdu

Laurent Hasse, documentariste, s'est fait renversé par une voiture, a frôlé la mort, a dû rééduquer son corps, a perdu l'odorat mais aussi le sens de la vie. Pour sortir de cette crise existentielle post-traumatique, il décide du jour au lendemain de traverser son pays, la France, des Pyrénées jusqu'à la Mer du Nord, à pied, et de filmer son périple.
La marche a du sens pour lui puisqu'il a failli être tué par une voiture. Le long de son voyage en solitaire, il va aussi à la rencontre des autres, leur demande l'hospitalité et ce qu'est le bonheur pour eux, d'où le titre du film : Le bonheur... Terre promise.
Chacun a sa propre vision du bonheur et apporte sa petite pierre au questionnement du réalisateur — et au nôtre. Parler du bonheur, c'est réfléchir sur le sens de la vie et après quoi on court (d'où l'intérêt de ralentir un peu pour réfléchir). Et finalement, c'est se demander comment surmonter nos souffrances et nos malheurs, d'autant que le réalisateur n'interroge pas des nantis, mais plutôt des Français cabossés par la vie.
Le film montre aussi de magnifiques paysages en hiver, de la campagne, parfois de coins très reculés et pourtant pas si lointains, mais aussi d'horribles zones périphériques, des biches qui gambadent dans un champ, une grenouille écrasée sur le bitume et des graffitis comme "La route de la sous-France".
Je pense à cette phrase de Nicolas Bouvier dans L'usage du monde : "On croit que l'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait."
Une belle expérience, un film riche, émouvant, drôle parfois, d'une simplicité philosophique et poétique. Plein de sens.
Je me rends compte que Laurent Hasse a également écrit un livre, J'irai jusqu'à la mer, sur cette expérience, mais je ne l'ai pas (encore) lu.
Cette fois-ci je voulais parler de ce si beau film vu hier soir dans un cinéma du fin fond de la France — puisqu'on est toujours au bout du monde pour quelqu'un.

- Le bonheur... Terre promise, film documentaire, 2012, 1 h 34.
- J'irai jusqu'à la mer, éditions Payot & Rivages, Collection Petite Bibliothèque Payot, 2016, 304 pages. 

Sur la marche, lire aussi ma chronique sur le très beau livre du sociologue David Le Breton : Marcher, Éloge des chemins et de la lenteur.

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