Dans la lignée de Spéracurel (voir ma chronique), Anna Dubosc, visiblement très proche de la narratrice donc sur le mode autobiographique, parle de sa mère Koumiko (muse du film Le Mystère Koumiko de Chris Marker et poétesse).
Revenons au style : fluide et frais, réel comme du langage parlé par moments, qui se passe de fioritures et va droit au but avec trois fois rien, ce qui donne un rythme tendu et frénétique. Le ton est franc, percutant, drôle et poétique malgré l'atmosphère dramatique.
Le sujet est également très touchant : un parent qui, sous l'effet d'une maladie dégénérative, perd la tête et la mémoire, n'est plus ce qu'il a été, change de personnalité et de goûts. On inverse alors les rôles enfant-parent, on prend soin, on s'inquiète, et parfois on se crispe, on s'exaspère, puis on le regrette.
Le rapport à l'écriture et au langage est important : la mère a cessé d'écrire quand la fille a été publiée. C'est peut-être un hasard, mais il semble que le regard sur la beauté du monde ait été transmis par cette mère hors du commun, un peu spéciale, qui savait voir l'importance des choses insignifiantes et qui notait tout.
Dans ses carnets récents, elle note tout ce qu'elle oublie, ce qu'elle a mangé, l'année, l'heure. Les jours de la semaine et, en face, le nombre de films qu'elle a vus. Lundi : 1 film, mardi : 2 films... Je voudrais tout relier, faire des phrases, réparer l'oubli.
Éditions Rue des Promenades, 2016, 208 pages.
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