Comme pour ses précédents livres*, l'écriture de Bruit dedans d'Anna Dubosc est addictive : impossible de lâcher ses phrases, son récit, entre roman et réalité, avec une mise en abyme vertigineuse sur le processus d'écriture obsessionnel en train de se construire.
Je pense au bouquin que je suis en train d'essayer de finir. Il n'y a rien, c'est à chier, j'ai envie de m'enfoncer sous terre. Pourquoi je m'acharne ? Il suffirait de laisser tomber, ce serait tellement reposant. Un matin, je me lèverais et ça en serait fini de la lutte avec les mots. Je serais dans la vie et puis c'est tout. La vie en vis-à-vis, le réel sans soupape. Comme ces gens qui se promènent. Ils sont là, ils sont bien. Ils ne sont pas traqués par des mots, ils ne font pas des phrases dans leur tête.
Nous voilà sans cesse bousculé, surpris, par le récit, le débit, à fleur de nerfs, sur le fil, sur le vif, et par l'écriture crue, cruelle, altruiste, tendue, grave, joyeuse, drôle, tendre, en larmes, en fous rires, au bout du rouleau, au bout du stylo...
Comme pour ses précédents livres, cette écriture semble sortie tout droit de son cerveau pour se poser sur le papier, alors qu'il n'en est rien car elle est travaillée, rythmée, mûrie, posée, et très inspirante : elle donne envie d'écrire.
On avait fait le pacte implicite de ne parler que d'écriture et laisser tout le reste hors-champ, mais l'écriture n'est pas coupée de la vie, elle la fait revenir comme un boomerang.
Quidam éditeur, 2020, 160 pages.
* Lire aussi mes chroniques sur d'autres livres d'Anna Dubosc :
- Spéracurel
- Koumiko.
- Nuit synthétique.
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