Paris, pour moi, est semé de fantômes, aussi nombreux que les stations de métro et tous leurs points lumineux, quand il vous arrivait d'appuyer sur les boutons du tableau de correspondances.Se plonger dans un livre de Patrick Modiano, c'est nager en eaux et sentiments troubles. Lire Souvenirs dormants, c'est retrouver le souvenir d'autres romans, de noms de personnages déjà rencontrés.
Ce livre est dans la continuité de l'œuvre de l'écrivain — L'éternel retour du même, comme le titre du livre ésotérique cité par le narrateur —, ce qui est un délice pour qui aime son style et ses atmosphères si particulières de son Paris des années 60.
Ces personnages perdus de vue et presque oubliés par le narrateur, revenus à la mémoire par l'évocation de leurs noms — des femmes surtout — ou d'une adresse ; des personnages secrets, en fuite, voire en cavale, comme le narrateur lui-même, toujours au bord du gouffre de ses intuitions qui lui intiment de fuir, mais le laissent parfois figé, entre rêve et cauchemar.
Je me suis assis et j'avais la sensation d'être englué dans un rêve. Sans doute, cette sensation était due aux jours interminables où je n'avais parlé à personne. Jamais l'expression "coupé du monde" ne m'avait paru aussi juste.Éditons Gallimard, 2017, 112 pages.
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