L'écrivain les épingle pour mieux les observer, les retourner dans tous les sens, les disséquer, les décrypter avec minutie et justesse, ou sous un angle inattendu, en quelques lignes, deux ou trois pages.
Phrases d'un autre temps, d'une autre génération, d'une autre région, ou au contraire très contemporaines en automatismes de langages, blagues éculées, tics de langage plus ou moins à la mode et très agaçants comme ces "Je reviens vers vous" ou pire, ces "J'dis ça j'dis rien" qui donnent envie de dire : "C'est juste insupportable" !
Pour être tout à fait honnête avec toi...On peut dire que sous sa loupe, ces petites phrases du quotidien et toutes faites, Philippe Delerm ne les a pas loupées.
Houla ! Un bien étrange préambule. Du coup, on va se concentrer beaucoup moins sur le message — au demeurant souvent anodin, et qui ne nécessitait pas pareille mise en garde — que sur la duplicité de la formule. Beaucoup de choses en peu de mots. Cela suppose déjà que votre interlocuteur envisage l'honnêteté de manière peu frontale. Il y a des occasions où il ne la pratique guère. Il doit se faire une idée très personnelle de ce que serait la franchise, puisqu'il est capable de la moduler, de la nuancer, et très vraisemblablement de s'en abstenir. (...)
On pense alors à cet ancien ministre, aujourd'hui déchu pour fornication aggravée, qui avait l'habitude de commencer la plupart de ses phrases par "honnêtement". L'honnêteté, une vertu qui semble d'évidence pour ceux qui la pratiquent, et fait jeter le voile de la méfiance sur ceux qui la revendiquent.
Éditions du Seuil, 2018, 176 pages.
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