mercredi 6 mars 2019

Crimes et damnation

Dmitry Glukhovsky signe avec Texto un thriller magistral sur les traces de Crime et Châtiment et dans une Russie d'aujourd'hui avec ses contrastes, ses contradictions, ses injustices et ses mensonges.
Dès les premières lignes, le lecteur est happé par le style.
Les phrases frappent et saisissent les détails sans les dire.
Le suspense est installé dès le premier dialogue de la première page où l'on ne sait pas encore qui parle :


— Qu'est-ce que tu vas faire ?
— Je vais vivre. Tu ferais quoi, toi ?
— Je le buterais.
— Eh ouais. Moi je lui ai pardonné. Je veux vivre, maintenant.

 On comprend vite qu'un type sort de prison où il a purgé une peine pour un crime qu'il n'a pas commis. Il en commet un autre, vole un téléphone où la vie entière de sa victime est inscrite. Il doit s'en servir pour faire croire qu'il est encore en vie dans un milieu à haut risque, entre pouvoir et crime organisé.

À cause des températures, la peur se mit à fondre, remplacée par un bloc de fureur cristallisée de plus en plus gros. Pourquoi tout se déroulait ainsi pour lui ? Il avait passé sa vie au coin et il allait l'y finir ! Pourquoi était-il aussi impuissant face au monde ? Était-ce juste que, quoi qu'il fit, il fût puni ? Pourquoi était-il plus facile de tuer un homme que de lui pardonner ? Pourquoi tout était-il entre la vie des pourris ? Pourquoi hormis le suicide n'y avait-il pas d'échappatoire, et que ceux-là allaient en enfer ?
Est-ce que t'es Dieu ou patron d'un abattoir ?

Et enfin, l'excipit :
Il est des gens qui laissent une trace derrière eux, et il y a ceux dont il ne reste rien. 
Un roman noir et politique absolument captivant !

Éditions L'Atalante, 2019, 416 pages.

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