Comment allons-nous considérer les machines à partir du moment où nous inter-agirons avec elles en les regardant dans les yeux, en leur parlant, exactement comme nous le faisons avec un humain? Ne risquons-nous pas de leur accorder trop vite notre confiance ? Et quelle idée aurons-nous de nous-mêmes quand elles parleront de leurs sentiments (artificiels) bien mieux que nous des nôtres ?Si ces machines peuvent nous être très utiles, nos émotions et nos comportements, eux, risquent de ne pas être artificiels et de se modifier à leur contact. Où l'on risque de passer d'un simple anthropomorphisme (on fait semblant de prêter des caractéristiques humaines à des objets) à un animisme plus sévère (on croit dur comme fer qu'ils sont animés d'émotions, par exemple).
Quelle réelle maîtrise aurons-nous des machines quand leurs capacités de "réflexion" seront probablement, dans certains domaines, bien supérieurs aux nôtres ?
Plus grave, les machines et les services vont modifier notre rapport à la satisfaction de nos désirs, à la solitude, à la société réelle (alors que les robots seront toujours plus aimables avec nous, probablement pour nous extorquer des données personnelles et mieux nous manipuler).
N'oublions pas que derrière une machine, il y a toujours des concepteurs qui tirent les ficelles, c'est-à-dire de gigantesques entreprises qui font d'aussi gigantesques profits : Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.
Et même s'il existe des repentis et des lanceurs d'alerte, mieux vaut prévenir que guérir et se poser les bonnes questions sur les bons et les mauvais aspects des robots et de l'intelligence artificielle, pour nous et les générations futures car, demain, tout va changer : notre rapport aux robots (avec le risque de les trouver plus agréables que les humains) mais aussi à la politique.
Un essai très documenté et approfondi, tout en étant parfaitement simple et passionnant, voire indispensable, à lire.
Bravo !
Éditions Le Pommier, essais, 2018, 304 pages.
* Psychiatrie et docteur en psychologie, membre de l'académie des technologies, il anime sur France Culture l'émission Matières à penser.
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