jeudi 30 août 2018

La vie d'Adèle (et de son oncle Jacques)

Je peux réaffirmer ce que j'ai écrit sur Charles Nemes, à propos de son précédent roman, Deux enfants du demi-siècle : que son écriture est d'une grande justesse, sur un ton piquant et ironique, souvent attendrissant et plein d'humanité. Dans Une si brève arrière-saison, la gravité finit par l'emporter dans la deuxième partie.
Jacques prend sa retraite mais peine à en profiter, en proie à des problèmes d'érection et à une certaine lassitude (il ne veut pas entendre parler de dépression), qui le rendent assez désabusé pour son entourage. Déjà fâché avec sa famille, il n'y a que sa rock and roll de nièce, Adèle, qui lui procure un peu de joie et de complicité dans son quotidien. Il lui cache cependant son intention d'écrire, notamment en tentant d'approcher Christine Angot, ce qui donne lieu à de savoureux moments !
Jacques était au bord de la nausée. Trop de vin rouge et de contrariété, pas de Viagra, il se leva de table et partit se coucher sans explication. Paule débarrassa, lava la vaisselle, resta un long moment à lire le premier bouquin venu, Sujet Angot, sans parvenir à s'y intéresser puis alla s'allonger dans l'obscurité près de Jacques assoupi qui ne bougea même pas. Une fois auprès d'elle, les hommes devenaient-ils donc tous semblables ? Le sommeil eut raison de ses larmes.
Mais un jour, tout bascule quand Adèle assiste au concert des Eagles of Death Metal au Bataclan. Alors que l'une se débat dans une perte de sens, l'oncle se sent investit d'une mission pour l'empêcher de sombrer.
Charles Nemes réussit alors à traiter ces difficiles sujets du post-traumatisme et de la dépression avec élégance et délicatesse. Un très touchant hommage aux rescapés.

HC éditions, 2018, 224 pages.

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