Cécile Flécheux s'attaque donc à ce moment de transition dans son essai Revenir. L'épreuve du retour.
"Revenir chez soi, c'est d'abord subir l'épreuve de revenir dans le monde normal."
"Souvent, rien ne se passe comme prévu. On ne compte plus les récits de retour qui tournent mal, ceux dans lequel le décalage entre celui qui revient et ceux qui sont restés est si flagrant que seuls l'emportent l'incompréhension, les sarcasmes et l'envie de repartir" (...) surtout lorsque celui qui revient a vécu des aventures ou mésaventures presque incroyables ou irracontables, et que son horizon s'est élargi. Ce n'est pas tout à fait le même qui revient. Il se sent parfois étranger dans son propre pays. Ce moment, forcément, n'est pas perçu de la même façon par ceux qui sont restés.
Le retour est ce moment entre deux où le "revenant" (il n'y a pas vraiment de mot pour celui qui revient) va replonger dans le quotidien, le banal, l'ordinaire (ou repartir). Il peut avoir l'impression de ne pas avoir encore "posé ses valises", comme si le corps avait voyagé plus vite que l'esprit, encore habité par les souvenirs du voyage, surtout quand on "revient de loin".
Il y a des départs obligés, mais pourquoi revient-on ?
L'autrice s'intéresse à la dimension littéraire, philosophique et artistique du retour (avec notamment l'étude de quelques œuvres littéraires et picturales), de ce moment suspendu. En philosophie, le sujet de l'Éternel Retour a seulement été ébauché par Nietzsche. Elle se concentre sur ce dédoublement, cette dissymétrie, ce changement de corps propres à l'épreuve du retour.
Une passionnante méditation.
Le Pommier, 2023, 324 pages.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire