C'est un portrait original de l'artiste que nous propose Pierre-Julien Brunet dans son essai Serge Gainsbourg. Écrire, s'écrire, par l'analyse de son écriture.
L'œuvre de l’auteur-compositeur-interprète-réalisateur-etc. est littéralement liée au personnage, qu'il construit, en commençant par ses pseudonymes, véritables doubles.
De Lucien (un prénom qu'il abandonne mais attribuera à son dernier fils), il commence par choisir le prénom Serge qu'il trouve plus slave.
De Ginzburg à Gainsbarre (qui rime avec Guimbard, un nom d'emprunt pendant la guerre), il ajoute un a et un o pour faire Gainsbourg et... un auteur est né, un être de lettres.
Il disait lui-même : "Je ne pensais jamais musique. Je pensais mots."
Nous savions qu'il était un homme de lettres, mais Pierre-Julien Brunet décortique ses textes à la lettre : il étudie sa prédilection pour les prénoms (nommer, c'est faire exister), pour les sonorités (allitérations, assonances, onomatopées et autres virelangues), les jeux de mots, de langue (ainsi qu'avec l'anglais) et de lettres, et notamment la question des doubles (d'où les pseudo, mais aussi dans l'écriture avec les initiales, par exemple).
Un véritable autoportrait se dessine, la construction d'un personnage, dans cette réécriture de soi.
Passionnant pour qui aime les mots et les chansons de Serge !
Presses Universitaires de Rennes, collection Épures, 2023, 128 pages.
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