lundi 1 septembre 2025

Surmonter les blocages et les obstacles

Qu'est-ce que lEndurance créative selon Mike Schnaidt ? C'est une méthode pour stimuler les créatifs et vous et moi en panne d'inspiration, que ce soit dans son travail ou sa vie.
Très utile en cas de coup de mou !
L'auteur, qui est designer, a interrogé des collègues, mais aussi une astronaute, une illustratrice, un architecte, une consultante en organisation (Marie Kondo), un photographe, une prof, un sommelier... et des sportifs, dont un marathonien, une vététiste, une volleyeuse... et encore une écolière et un peintre... sur leurs méthodes pour surmonter les blocages et les obstacles et relever les défis. 
Résultat : une multitude d'exemples, conseils, astuces, exercices et idées pour bien organiser sa journée, relancer ses projets, réveiller sa créativité, mais aussi prendre du recul sur son parcours. 
Et tout cela avec une mise en page créative (évidemment) et pimpante.
C'est le livre à garder sous la main pour résister au stress, présenter ses idées, réussir un entretien, briser la routine, rebondir et persévérer avec optimisme !
Allez hop ! je m'y remets.

Éditions Pyramyd, 19 x 23,5 cm, 2025, 160 pages. 

Semer l'amour du vivant

Notre rapport au vivant — car nous faisons partie de la nature — devrait être intégré dans la formation et l'apprentissage dès le plus jeune âge, notamment par l'enseignement en plein air. 
De nombreux exemples et études prouvent que les enfants se développent mieux, comprennent mieux le monde qui les entoure et agissent en conscience en prenant soin d'eux et des autres, humains et non-humains.
Nous formons un tout : le dérèglement climatique et la dégradation de la planète, de la faune et de la flore se répercutent sur notre santé, notre bien-être, notre survie.
C'est ce que développent Anne-Marie Presti et Sabine Oppliger dans cet essai qui rassemble récits, entretiens, partages d'expériences et idées d'activités pratiques : À l'école du vivant. S'éduquer par et pour la nature.
Les autrices écrivent en préambule :

C'est une piste possible et intéressante pour aller vers une écologie plus enthousiasmante, plus optimiste et "plus désirable".

Pédagogues, sociologues, historiens, biologistes, herboristes, élèves et parents... contribuent à cette réflexion sur l'école de la vie, selon le principe de la biodiversité, dans un esprit poétique et sensoriel. 
Ce livre ne s'adresse pas qu'aux professionnels de l'éducation mais à tous les citoyens qui rêvent d'un monde plus serein et respectueux en transformant leurs pratiques. Des rêves naissent des actions.
Une lecture foisonnante, concrète et réjouissante !

Actes Sud, préface d'Ernst Zürcher, 2025, 272 pages. 

vendredi 29 août 2025

Résister, c'est créer

J'avais parlé de ce texte court et crucial, Indignez-vous, de Stéphane Hessel à sa sortie, en 2010. 
Voilà que l'ouvrage culte sur le pouvoir de l'indignation, maintes fois réimprimé et traduit, vient d'être réédité par la formidable maison Rue de l'échiquier. 
Il est malheureusement plus que jamais d'actualité face à la montée de l’extrême droite, des totalitaristes et autres fous furieux inquiétants, mais aussi du rachat des médias par une poignée de milliardaires. 
Or, "sans presse libre, il n'y a plus de contre-pouvoir, plus de récits qui échappent aux intérêts économiques ou partisans" nous rappelle Salomé Saqué dans sa préface. Quant aux fausses informations, elles ont pour conséquence que plus personne ne croit en rien. 

Stéphane Hessel écrivait : Il nous appartient de veiller tous ensemble à ce que notre société reste une société dont nous soyons fiers.

Cette nouvelle réédition est également augmentée d'un biographie de Stéphane Hessel et d'une postface des éditeurs pour raconter l'histoire passionnante de ce texte indispensable.

Si vous avez déjà ce livre, relisez-le. 
Mieux encore : rachetez-le et offrez-le.
 

Rue de l'échiquier, collection Indigène*, 2025, 64 pages. 

* du nom de la maison d'édition qui avait édité ce livre en 2010. La collection permettra justement de rééditer les titres essentiels de son catalogue et d'autres textes inédits.

Lire ma première chronique en cliquant ici.

mardi 26 août 2025

S'enfuir des cages dorées

Le titre du dernier roman de Chloé DelaumeIls appellent ça l'amour, laisse imaginer le thème. 
On jubile déjà de la façon dont cette écrivaine singulière va s'emparer du sujet des prédateurs et des pièges dorés dont ils usent pour attirer leurs victimes. 
Elle relève le défi magistralement et traite le problème — puisque ç'en est un — par divers points de vue. 
Elle expose elle-même, page 60, le procédé :

Si je suis de ce récit la narratrice, c'est pour aider l'autrice autant que l'héroïne à trouver l'antidote, et permettre à leurs sœurs d'imposer leur refus en un chœur sororal ; j'existe pour que le réel soit enfin modifié. 

L'histoire : ses amies ont loué un appartement dans une ville où la narratrice a vécu autrefois, ce qui la replonge dans le tourment d'un traumatisme et d'une relation dont elle a honte, car elle ne s'est pas levée et ne s'est pas cassée. 
Elle finit par se confier, et chacune de ses amies apporte son éclairage en fonction de son vécu pour tenter de faire changer la honte de camp. 
Elles trouvent un moyen de contourner l'impossible mission. 
C'est judicieux, instructif et inventif grâce au style poéticomique et tranchant à la fois de Chloé Delaume.
Une lecture d'utilité publique et poétique.

Seuil, 2025, 178 pages. 

Lire aussi mes chroniques sur Pauvre folle et 24 heures dans la vie d'une femme.

lundi 25 août 2025

Sur les traces d'un odonatophile*

Inclassable texte que ce manifeste poétique : Je ne suis pas une libellule, de Gwenaël David !
C'est bien l'intérêt puisqu'il est à la fois un plaidoyer pour les libellules (et la nature en général), un rapport de naturaliste, un texte littéraire, politique, écologiste, philosophique et bien d'autres choses encore... Un texte foisonnant et fascinant, comme ces myriades d'insectes que nous ne remarquons pas parce que nous ne les connaissons pas.
Justement, l'auteur nous transmet sa passion et son émerveillement pour les libellules, demoiselles et autres cousines des zones humides, et nous raconte ses explorations à côté de chez lui, comme à l'autre bout du monde. 
S'il chasse les libellules, c'est bien sûr de façon pacifique pour mieux les observer. À l'imaginer avec son filet, qui rappelle une épuisette, il aurait davantage l'air d'un pêcheur ou d'un cueilleur, avec un parapluie japonais (outil qui sert à recueillir délicatement les insectes) pour les observer, les photographier et les répertorier. 
S'il ne se lasse pas de ses investigations, il se désespère aussi — comme nous — de l'état du monde et du recul des populations de libellules et de leurs habitats...

Il y a ce que je vois, ce que je cherche, ce que je trouve, ce que je croise, ce qui me distrait, ce que je ne comprends pas, ce dont je me souviens. il y a le présent primitif de ma quête, les vestiges du passé et les intuitions déjà sombres du futur. Il y a l'histoire de ces sites, qui se niche dans les pierres, les flaques, les rencontres, et à laquelle je dois l'état ou la nature des milieux que j'arpente. J'observe pour mon érudition et pour le plaisir de voir vivre des créatures chez elles. Pour approcher ce truc, cette intelligence sans cerveau, cette puissance phénoménale, ce frémissement. Mais en tant que naturaliste je transforme mes observations en témoignages dans le but d'informer, de rendre compte, voire d'être utile.

C'est ainsi qu'il nous embarque dans ses excursions où il nomme chaque rencontre par son nom latin. Il s'engage et s'interroge, nous fait part de ses remarques, par exemple sur le vocabulaire qui lave plus vert, ou bien de son regret que l'écologie ne devienne plus qu'une affaire de spécialistes alors que les amateurs, comme lui et bien d'autres, peuvent apporter des points de vue intéressants. 
Une formidable leçon de choses, sur le terrain et sur les traces de notre cher écrivain entomologiste Jean-Henri Fabre.

Cause perdue éditions, 2025, 80 pages. 

À suivre : Cause perdue est une toute nouvelle maison d'édition, née en 2025,  qui publie des livres politiques et littéraires. 

* Odonatophile : qui aime les odonates, insectes dont font partie les libellules.

Enquête sur un passé caché

Lionel Duroy, dans son roman Un mal irréparable, met en place un  ingénieux dispositif pour raconter des pans cachés de l'Histoire de la Roumanie par le prisme d'un écrivain qui enquête sur le passé et les origines de ses parents, dont il ne sait pas grand-chose. 
En effet, pour le préserver d'une histoire douloureuse ils ont préféré se taire, voire inventer un autre parcours. Malgré tout, les traumatismes se révèlent par d'autres moyens, plus difficiles à décoder, et créent un mal irréparable.
C'est donc à partir d'une correspondance partielle et de quelques documents qu'il va remonter le temps et partir en Roumanie sur les quelques pistes et traces dont il dispose. 
Au fil des rencontres, le fils découvre alors le lourd secret de ses parents victimes d'une histoire impitoyable que victimes et oppresseurs, chacun pour ses raisons, voulaient cacher. 
La fiction permet ainsi d'informer et de révéler les zones d'ombres de l'Histoire qu'il serait difficilement supportable d’aborder frontalement. C'est tout le talent de Lionel Duroy, qui a été reporter de guerre, pour nous prendre par la main en douceur et nous entraîner dans les horreurs de la violence.
Un roman aussi captivant que poignant, d'une grande humanité et servi par un style fluide qui coule de source jusqu'au dénouement ultime : la dernière pièce du puzzle. 

Jamais une question de ma part, c'est entendu, mais aussi comme ils ont été habiles à détourner ma curiosité, à me montrer du doigt l'Ouest quand j'aurais dû regarder à l'Est, à me pousser dans les bras de l'Amérique quand notre histoire, mon histoire, était en Roumanie. Un moment, j'ai le sentiment que le sol pourrait se dérober sous mes pas, ou plutôt mes roues, puisque je fonce vers le Barăgan avec l'impression que tout ce que j'ai vécu jusqu'à présent ne fut qu'une construction artificielle, un château de sable sans fondations, tandis que ce qui m'attend là-bas pourrait bien être ma part manquante, celle que j'interroge vainement quand je me mets soudain à trembler.

Éditions Mialet-Barrault, 2025, 384 pages.

dimanche 10 août 2025

Sans histoires, vraiment ?

L'essai d'Alice Zeniter, Je suis une fille sans histoire, fait partie de ces œuvres d’utilité publique, pour celles et ceux qui écrivent, qui lisent, qui regardent des films, qui croient aux histoires... Parce que, insidieusement, quand on nous raconte des histoires, on utilise des procédés, des schémas narratifs, vieux comme le monde (remontons à Aristote).

Une bonne histoire, aujourd'hui encore, c'est souvent l'histoire d'un mec qui fait des trucs. Et si ça peut être un peu violent, si ça peut inclure de la viande, une carabine et des lances, c'est mieux.

Alors, ça vous intéresse de savoir comment sont construits les récits ? 
Lisez ce petit (par la taille) livre, très instructif et drôle, qui explique par la sémiotique (c'est sérieux) mais de façon rigolote, comment les récits sont politiques, comment la fiction nous affecte (et donc nous manipule, comme les informations qui transitent via la presse et autres réseaux), et donc comment on pourrait...

"donner la parole à des personnes silenciées, publier des récits qui ont été étouffés ou n'ont pas eu la chance de se former.

L'Arche, 2021, 110 pages.  

Écouter le podcast Renverser la table de Victoire Tuaillon avec Alice Zeniter : Comment écrire de nouveaux récits.

Lire aussi ma chronique sur 24 heures dans la vie d'une femme.