Le jour de mes sept ans, j'ai une espérance de vie de soixante-treize ans, quatre-vingt-onze jours et six heures. Je reçois une montre en cadeau d'anniversaire. Un modèle suisse à remonter soi-même. La Suisse a une frontière avec l'Allemagne de l'Ouest, la France, le Liechtenstein, l'Italie et l'Autriche.Le Chronométreur de Pär Thörn — un jeune "performeur sonore" suédois, traduit pour la première fois en français — est l'histoire d'un personnage atteint d'un trouble obsessionnel compulsif (un TOC du tic-tac) : il compte tout, tout le temps.
Comme par un heureux hasard, il reçoit des montres en cadeau, à des moments clés de sa vie.
Son temps est compté et il mesure tout : la durée d'un rire et son heure, son pouls, son espérance de vie, le temps qui passe, etc. Sans compter que ses estimations de calculs sont parfois complètement farfelues.
Rien de grave, si ce n'est qu'un grain de sable vient toujours décaler le fil de ses pensées, enrayer l'engrenage de la montre, digresser vers l'absurde, et le comique finalement. Un petit écart, une association d'idées, met un grain de folie, d'angoisse ou de poésie dans la vie mesurée, ordinaire, où notre anti-héros crève d'ennui.
Naturellement, il en fait son métier et chronomètre aussi les autres. Dans cette course après le temps, le gain de productivité et d'efficacité du travail à la chaîne, tristement tayloriste, on pense aux Temps modernes de Chaplin, à l'univers de Jacques Tati, sous forme d'inventaire à la Prévert ou d'exercice de style oulipien.
Un texte cocasse, poétique et réjouissant, qui va forcément compter.
Quidam éditeur, traduit du suédois par Julien Lapeyre de Cabanes, collection Made in Europe, 2017, 124 pages.
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