dimanche 15 avril 2018

La fascination du Tibet

C'est peu dire que le Tibet fascine, qu'il n'est "pas tant une région qu'un itinéraire intérieur, un trésor enfoui en chacun de nous".
En leurs temps, des explorateurs ont bravé l'interdiction d'entrer dans la cité interdite de Lhassa, comme Alexandra David-Néel en se faisant passer pour une mendiante, quand d'autres n'ont pas réussi. Même Hergé avec son Tintin au Tibet a participé au mythe, sans parler de la figure de l'actuel dalaï-lama.
Voilà où nous emmènent Christian Garcin et Éric Faye, compagnons de route et d'écriture : Dans les pas d'Alexandra David-Néel, du Tibet au Yunnan.
Dans ce très bel hommage, on voyage avec eux et avec elle. Ils racontent les différences, les similitudes, le Tibet et la Chine actuels et ceux de l'extraordinaire femme de lettres et exploratrice, un siècle auparavant. Leurs périples se superposent, s'entrelacent, se croisent, dans le temps, sur la carte et dans le récit. Ils commentent et nous font revivre ses aventures à elle, dans des conditions si éprouvantes. Elle est présente avec eux et nous faisons un peu partie aussi du voyage, littéraire.
Ils partagent leurs exaltations devant certains paysages :
Les étendues de plateaux traversées tournaient à la steppe mongole et les chaînes brutales, blanches, comme neuves, laissaient parfois tomber d'un épaulement un glacier vertigineux, comme une écharpe en hermine : le Tibet sortait le grand jeu. Toutes les dix minutes, nous demandions à faire halte quelques minutes, le temps d'une énième photo. Nos appareils photo n'en pouvaient plus.
Des splendeurs photographiées qu'on regrette de ne pouvoir admirer en grand format et en couleurs : chaque chapitre commence et s'achève par une de leurs prises de vue en noir et blanc. Ce qui donne déjà une petite idée.
Mais ils se désolent aussi en traversant des lieux entièrement refabriqués pour le tourisme de masse ou envahis par les plastiques et les détritus.
Passionnants voyages dans les pas d'Alexandra David-Néel, puis dans les pas d'Éric Faye et de Christian Garcin.

Éditions Stock, 2018, 320 pages. 

D'autres chroniques sur les livres de Christian Garcin dans ce blog :
- Les oiseaux morts de l'Amérique
- Les vies multiples de Jeremiah Reynolds
- Jeremiah & Jeremiah
- Selon Vincent et un entretien sur Selon Vincent, entre autres
- Vétilles
- J'ai grandi
- Labyrinthes et Cie, La jubilation des hasards et Carnet japonais
- La neige gelée ne permettait que de tout petits pas
- Sortilège 
- Des femmes disparaissent
- Les nuits de Vladivostok
- Romans pour la jeunesse

Sur les livres d'Éric Faye :
- Malgré Fukushima - Journal japonais
- Nagasaki

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