J'avais adoré La Halle (lire ma chronique) et le second roman de Julien Syrac, Berlin on/off, est tout aussi réussi !
Dans un autre registre, on retrouve son humour cru et grinçant, sa critique revendicative mais aussi sa sensibilité. Après avoir taillé en pièces un petit patron dans La Halle, cette fois-ci il s'attaque au monde de l'art.
Berlin on/off est un triptyque de trois monologues d'un apprenti artiste français dans le milieu artistique berlinois.
Dans la première histoire, le narrateur prend son mal en patience à l'aéroport en attendant une poétesse israélienne qui tarde à arriver. Il est accompagnateur de poètes pour un festival de poésie dont le directeur, entre autres, en prend pour son grade.
Dans la deuxième histoire, il pose nu dans un cours de dessin et se retrouve dans une situation aussi comique que gênante en apercevant sa colocataire à qui il a emprunté sans le lui dire le châle qui lui sert de cache-sexe.
La troisième histoire commence très violemment avec son maître sculpteur qui le menace avec un marteau !
Peut-être que le Pr Steinberger ne sait tout simplement pas dessiner. Peut-être que comme moi avec mon CV de modèle aux Beaux-Arts de Paris, le Pr Steinberger a falsifié le sien de peintre diplômé de la Kunsthochschule de Berlin. Peut-être que le Pr Steinberger était facteur ou chauffeur-livreur sous la RDA et qu'après la chute du Mur, il a profité de la confusion pour se lancer dans la compétition capitaliste comme professeur d'art. Peut-être que comme tous les modèles de nu, tous les professeurs d'art sont des imposteurs. Peut-être que l'art tout entier est une vaste imposture. Peut-être que le monde en général est une immense imposture, peut-être que tous les diplômes, les discours et les sourires sont faux.Une verve ironique, drôle et savoureuse.
Quidam éditeur, 2018, 142 pages.
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