Cela donne La fiancée des corbeaux — le titre rendant hommage à son amie qui vit en pleine , où les arbres se chargent parfois de nuées d'oiseaux noirs.
Dans l'œuvre de René Frégni, on navigue entre les extrêmes, de la lumineuse poésie d'un instant à la pire noirceur du monde, de rencontres éblouissantes de tendresse ou désolantes de folie.
Les femmes sont souvent du côté de la tendresse : sa mère disparue mais toujours auprès de lui, ses filles, son amie institutrice ou cette auto-stoppeuse qui part danser...
On croise aussi les chemins de drôles d'oiseaux, des vrais — comme ces corbeaux par centaines ou ces gabians de l'île Sainte-Marguerite, aussi inquiétants que ceux d'Hitchcock — et des hommes, comme son ami Tony qui veut écrire ses mémoires de caïd ou ce dingue qui surgit un jour chez lui comme un cauchemar.
Une rencontre appelle un souvenir.
Une lecture ravive toutes les autres, et avec elles tous les lieux traversés, non sans mélancolie. Et la Provence qu'il décrit n'a rien d'une carte postale.
8 juin
De quoi ai-je voulu parler dans ce cahier depuis un an, de qui ? Je n'ai parlé que d'amour. La pensée seule de l'amour écarte la solitude et les premiers signes de la vieillesse que l'on constate dans le miroir, sur la peau de nos bras, de nos mains.
Ai-je été plus sincère en évoquant la banalité de mes jours que dans toutes les histoires que j'ai pu inventer jusque-là ? J'ai été plus près de mon enfance, plus près de cette terre que créait chaque jour le visage de ma mère, sa voix.
Ce temps qui passe finit par s'achever, comme ce journal qu'on aimerait pourtant lire indéfiniment.
Éditions Gallimard, 2011, 176 pages.
Lire aussi ma chronique sur Elle danse dans le noir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire