Le signe qu'on s'attache aux personnages, donc au livre qu'on tient entre ses mains, c'est qu'on est prêt à mordre sur le temps de sommeil ou procrastiner sur tout le reste pour avancer dans l'histoire.
C'est donc l'histoire de cette jeune fille en quête de père, donc de repères, et de ses pérégrinations pour le retrouver (ou pas). Entretemps, elle croisera quelques adultes, hommes et femmes, s'interrogera sur la tendance à fuir, fera un pas de côté dans la science-fiction, etc. Entretemps aussi, on entendra les voix croisées de deux musiciens rock, qu'on confondrait presque d'ailleurs, l'un étant le pendant de l'autre comme le revers d'une même médaille, dont un qui a réussi et l'autre pas (réussi quoi, d'ailleurs ?).Le vioque qui a ouvert la porte doit avoir dans les quatre-vingts balais. Il est chauve du dessus et porte ce qu'il reste de ses cheveux, tout blancs, longs jusqu'aux épaules. Il plisse les yeux derrière ses immenses lunettes carrées aux verres gras. Sa peau, sans déc, on dirait la vieille éponge que tu retrouves au fond du placard sous l'évier quand tu déménages, même l'eau n'en veut plus et coule dessus en doigt d'honneur.
Mais peu importe (presque) l'histoire de ce roman, si l'on s'y attache, cela est dû au talent d'Erwan Larher qui trouve un style et une psychologie des personnages (plus réalistes que dans Marguerite n'aime pas ses fesses et peut-être un brin moins que dans son excellent témoignage du Livre que je ne voulais pas écrire), branchés sur la dynamique de Jane qui ne tient pas en place. Un style réaliste avec un pas de côté dans la magie ou le surnaturel.
Quidam éditeur, 2019, 356 pages.
* voir aussi les chroniques sur les autres livres d'Erwan Larher parus chez Quidam :
- Marguerite n'aime pas ses fesses ;
- Le livre que je ne voulais pas écrire.
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