On ne se lasse pas de lire et relire L'ascension du mont Ventoux de François Pétrarque. C'est ce qui fait de ce texte — présenté comme une lettre à son ami et confident Dionigi da Borgo San Sepolcro — un classique qui traverse les siècles depuis 1336.
Dans cette belle édition trilingue (français, anglais et latin), se glissent de superbes photographies en noir et blanc qui touchent souvent à l'abstraction et invitent à la méditation. Car comment parler des splendeurs de la nature du mont Ventoux sans montrer quelques-unes de ses beautés ? Elles sont l'œuvre de la cinéaste et photographe Catherine De Clippel qui arpente et admire le Ventoux depuis des années.
Les marcheurs savent qu'en cheminant, on oublie son corps et l'esprit prend des traverses insoupçonnées. Pétrarque gravit le mont Ventoux en même temps que son âme s'élève. Il a toujours en poche le livre des Confessions d'Augustin offert par son ami Dionigi. En arrivant au sommet, il ouvre une page au hasard et tombe sur cette phrase : "Les hommes vont admirer la hauteur des montagnes, l'impressionnant spectacle des vagues de la mer, l'ampleur des cours des rivières, le déploiement des côtes océanes et le parcours des astres mais ils ne font aucun cas d'eux-mêmes."
Époustouflé par la justesse de l'extrait qui semble avoir été écrit pour lui, Pétrarque redescend du sommet en silence, méditant sur la phrase.
Éditions Esprit des lieux, 2019, 96 pages.
Sur le mont Ventoux, voir aussi l'anthologie des textes littéraires, Ventoux versant littéraire.
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