samedi 21 décembre 2019

Chez ces gens-là

Quelle trouvaille que ce merveilleux roman d'Elisabeth Clementz : L'Adret !
Il s'agit d'un premier roman, court et dense, sensible, profond et subtil, qui commence comme une comptine enfantine dont chaque couplet correspond à un chapitre. Chaque chapitre fait un bond dans l'histoire, des années 20 aux années 50 ou 60. Mais souvent derrière les chansons se cachent des drames.
L'histoire commence par une rencontre, un coup de foudre irrépressible, entre deux jeunes gens que tout sépare, une religion et une vallée, dans la France rurale. L'un est sur l'adret, le bon côté ensoleillé ; l'autre est sur l'ubac, plus austère et violent.
Les chiens n'avaient rien dit, le père n'avait pas pointé sur lui son fusil et elle avait d'un hochement de tête acquiescé à sa demande. Elle n'avait pas semblé surprise de le voir, c'était à chaque fois pareil, comme si elle l'avait attendu, comme si leurs rencontres avaient pour elle un caractère d'évidence absolue.
Le lecteur sait (presque) tout — mais pas les personnages — et il lui en faut peu pour être tenu en haleine jusqu'au bout.
À découvrir absolument !
La forêt c'était pour se cacher, bien sûr, mais pas seulement. C'était aussi pour apprendre de la vie, en ligne directe. Sa mère la laissait aller à sa guise, mais une fille seule dans la forêt, c'était mal vu. Ça apportait de la salive au moulin des ragots, à la désastreuse réputation de leur famille dont les membres faisaient office de parias, et il en faut, paraît-il, pour que la communauté accède à une sensation de complétude.

Éditions du 81, 2019, 152 pages.

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