"L'acte isolé, même démultiplié, n'a aucune chance dans un sytème dominé par les oligopoles et les lobbies, qui l'ont bien compris : eux ont tout intérêt à prôner ces petits gestes qui donnent l'illusion d'agir pour le bien commun sans bousculer l'ordre établi ni établir de réseau trop maillé", écrit-elle dans Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce. Réflexion sur l'effondrement.
Elle laisse libre cours à ses réflexions sur le monde moderne en perte de repères, le climat, la disparition du vivant, sur ces gens qui sont là où il faut parce qu'ils ont fait un pas de côté, choisi leur voie, abandonnant parfois le brillant d'une carrière au profit d'une vie plus digne à leurs yeux.
Elle cite de nombreux écrivains (Romain Gary, Françoise Héritier, Mona Chollet...) et s'inspire surtout du navigateur Bernard Moitessier qui, en 1969, était donné vainqueur du premier tour du monde en solitaire et sans escale, mais a abandonné la course pour prendre sa liberté en laissant ce message : "Je continue sans escale vers les îles du Pacifique parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme." En renonçant aux honneurs, il signe un refus de parvenir, un geste admirable où la compétition n'est pas le but ultime.
J'ai envie d'un livre d'intuitions qui donne à penser tout en laissant des espaces de liberté et de fiction. De fondus et d'ellipses... Pourquoi faudrait-il toujours tout disséquer, tout expliciter ?Ce bel essai philosophique et littéraire est une source d'inspiration.
Éditions Libertalia, 2019, 104 pages.
Le blog de Corinne Morel Darleux
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