Cette femme qui a accepté un lopin de terre en Algérie, dans les années 1860, va vivre une tragédie épouvantable et perdre trois de ses fils dans cette aventure catastrophique. Elle fait le récit de ses malheurs en série alors que le quatrième est alité auprès d'elle. Comme la mère de Marguerite Duras en Indochine, les fonctionnaires lui ont octroyé une terre hostile. Elle s'acharnera, envers et contre tout : maladies, famine, invasion de sauterelles et autres catastrophes naturelles... Le sujet donne un éclairage différent sur les colons.
Pourquoi poursuit-on la lecture sachant qu'elle ne sera pas spécialement divertissante ? Parce que l'écriture est remarquable : le récit de la mère alterne passé et présent, différenciés par une forme en italique, dans un déroulement très cohérent, seulement ponctuée de virgules : ni points ni majuscules. Le style est poétique, très imagé :
"Le vent a tisonné les terres huit jours durant, dénudant les arbres, dépouillant de leurs insectes les touffes de thym et de romarin, brisant les tiges des herbes folles, soufflant son haleine hostile à travers la garrigue, débusquant les dernières fleurs dans les recoins tièdes, et chacun de nous en avait par-dessus la tête de ce remue-ménage, la nuit nous dormions mal, recroquevillés sous les couvertures, le jour nous nous entortillions dans tout ce que nous pouvions trouver de vêtements."Éditions Flammarion, 2015, 264 pages.
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