Depuis qu'elle a vu Senso, le film de Visconti, Carmen n'a qu'un rêve, celui de voir Venise, car elle s'imagine en comtesse Livia. À plusieurs reprises, son rêve se réalise, avec plus ou moins de bonheur, grâce à chacun de ses maris ou amant, qu'elle aime toujours moins que la Sérénissime, ce qui les tue à (plus ou moins) petit feu.
"Bertrand trouvant sa femme distante et mélancolique, voulut lui faire plaisir et lui proposa une traversée de Venise en gondole. Ils rejoindraient la piazza San Marco pour y déguster une pâtisserie au café Florian. Les prix pratiqués par les gondoliers incitèrent Bertrand à partager la gondole avec un groupe de Belges qu'il trouva par ailleurs charmants. Devant le café Florian, il n'eut pas besoin d'étudier longuement la carte pour s'affoler du montant de deux tranches de Tiramisù, et il expliqua gentiment à son épouse que, pour le même prix, ils pourraient s'offrir un dîner — entrée, plat, fromage ou dessert — dans une de ces si pittoresques trattorias."La réalité ne peut être qu'une frustration comparée à son fantasme de sensualité et de faste. Mais la fin justifie les moyens. Carmen est sauvée par son imagination enflammée et son rêve de toujours : revoir Venise, quitte à y mourir.
Un texte vif, plein d'humour noir.
Éditions Lunatique, collection 36e Deux Sous, 2014, 24 pages.
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