L'auteur est philosophe. Sa réflexion est à la croisée de diverses disciplines, dans la mouvance des anthropologues Philippe Descola ou Eduardo Kohn, de l'écologie scientifique, mais aussi de la poésie. Il replace l'humain parmi les autres espèces animales et végétales.
"Nous avons une ascendance commune avec les autres êtres vivants mais nous ne l'éprouvons pas", dit Baptiste Morizot.
Pourquoi devrait-on des égards au monde vivant ? Mais parce que c'est lui qui a fait nos corps et nos esprits, capables d'émotions, de joie, de sens. C'est le monde vivant qui a sculpté toutes nos facultés jusqu'aux plus émancipatrices, dans un tissage constitutif avec les autres formes de vie. C'est lui qui nous maintient debout face à la mort, par sa perfusion continue et joyeuse de vie (cela s'appelle, entre autres, "respirer"). Débranchez ce lien à lui et tout est fini. C'est ce qu'on appelle l'éco-évolution. Conséquemment, la question s'inverse : comment a-t-on pu devenir assez fous pour croire qu'il est irrationnel d'avoir des égards envers ce qui nous a faits et qui assure à chaque instant les conditions de notre vie et de notre félicité possible ? Il faut inverser le fardeau de la preuve. C'est aux idéologues de la modernité de nous démontrer que ces égards sont irrationnels (souhaitons-leur bon courage).Actes Sud, postface d'Alain Damasio, 2020, 336 pages.
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