Mais tous ces jeux d'écriture en scoubidou, dédoublements et mises en abîme n'empêchent pas d'apprécier au premier degré le style, les différents genres explorés, les portraits, l'humour et les clins d'œil, mais aussi la façon de traiter des sujets graves comme la politique, la surveillance globale ou l'environnement.
Autant d'occasions de réfléchir et de s'interroger sur la réalité ou sur ce que nous ferions si c'était à refaire.
Victor vient de poser le dernier mot au court livre qui raconte l'avion, l'anomalie, la divergence. Comme titre il a pensé à Si par une nuit d'hiver deux cent quarante-trois voyageurs — et Anne a secoué la tête —, puis il a voulu en faire l'incipit — et Anne a soupiré. Ce sera finalement un titre bref, un seul mot. Hélas, L'Anomalie était déjà pris. Il ne tente pas d'expliquer. Il témoigne, avec simplicité. Il n'a retenu que onze personnages, et devine qu'hélas, onze, c'est déjà beaucoup trop. Son éditrice l'a supplié, Victor, pitié, c'est trop compliqué, tu vas perdre tes lecteurs, simplifie, élague, va à l'essentiel. Mais Victor n'en fait qu'à sa tête. Il a attaqué le roman avec un pastiche à la Mickey Spillane, à propos de ce personnage dont nul ne sait grand-chose. Non, non, pas assez littéraire pour un premier chapitre, lui a reproché Clémence, quand cesseras-tu de jouer ? Mais Victor est plus joueur que jamais.
Et pour finir en beauté, un calligramme en forme de sablier qui s'écoule comme du sable fin. Parce que tout ceci est bien joli, mais le temps passe, inexorablement.
Gallimard, 2020, 336 pages.
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