Alors que la pandémie a encore creusé les inégalités, le revenu universel, individuel et inconditionnel serait une contrepartie légitime au partage inégal des richesses entre les hommes, génération après génération. Certains pays ont testé des expériences d'allocations plus ou moins provisoires pour les plus pauvres. Mais la crise de la Covid-19 a aussi fait réfléchir sur la perception du travail, les priorités de chacun, sa place dans la vie de chacun et dans la société, l'utilité de certaines tâches non rémunérées et l'utilité de certains métiers aux bas salaires, etc.
Non seulement le revenu universel éradiquerait la précarité et la pauvreté, mais il serait surtout un outil d'émancipation qui éradiquerait la charge mentale, le stress et l'angoisse des fins de mois difficiles voire des fins de revenus.
Les études ont montré (notamment lors d'une expérimentation finlandaise) que le revenu universel et inconditionnel est "source de bien-être parce qu'il donne de l'autonomie et donc une maîtrise, perdu ou inconnue jusqu'ici, de leur propre vie". "L'argent permet au citoyen de se réapproprier le temps qui lui manque cruellement pour choisir sa vie." Ce salaire du bonheur serait à opposer au salaire de la peur et du carcan à court-terme.
Quant à la peur des opposés à ce revenu, ce serait de favoriser la paresse et de dénaturer les valeurs du travail. Ce n'est pas ce que démontre la Prix Nobel d'économie Esther Duflo : "Quelqu'un qui perçoit un revenu garanti ne s'arrête pas de travailler parce qu'il a d'un coup assez d'argent". Au contraire, cette autonomie "leur permet de se former, de mener à bien un projet professionnel, de déménager pour se rapprocher d'un emploi, bref de travailler plus". "L'homme n'a aucune pente naturelle au parasitisme. Il ne s'épanouit pas naturellement de vivre aux dépens des autres. Il cherche l'œuvre à partir de laquelle il s'accomplira, tirera estime de lui-même et obtiendra la reconnaissance des autres. Cette œuvre, il veut l'atteindre par le travail."
Alors, prêts pour la grande conquête sociale du siècle ?
Éditions des Équateurs, 2020, 256 pages.
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