jeudi 13 octobre 2011

Encore une histoire d'amour improbable

Quand on aime, on ne s'arrête pas... de lire Katarina Mazetti. Encore elle ! Oui. (lire l'autre chronique) D'ailleurs, un de mes fidèles lecteurs a découvert l'auteur suédoise grâce à ce blog et a ensuite acheté tous les livres qu'il trouvait d'elle et c'est lui qui me fournit. Voici encore deux autres romans : Entre le chaperon rouge et le loup, c'est fini et Les larmes de Tarzan. Le premier est l'histoire d'une adolescente qui découvre la vie et les loups (en même temps qu'elle a vu le loup). Il m'a semblé un peu brouillon, avec un parler ado un brin crispant, mais c'est une belle fable.
J'ai nettement préféré Les larmes de Tarzan qui fonctionne comme l'excellent Mec de la tombe d'à côté : les personnages prennent la parole à tour de rôle. Mariana, presque mère célibataire puisque son mari foldingue a disparu, se bat pour joindre les deux bouts avec ses deux enfants. Heureusement, elle est pleine d'idées pour épater la galerie. Elle va même attirer l'attention d'un jeune cadre dynamique et plein aux as qui s'ennuie avec ses jeunes et jolies conquêtes pas vraiment habitées. Mais Mariana ne veut pas jouer les Pretty Woman à la suédoise et attend son mari évaporé qu'elle aime toujours...
Encore une histoire d'amour improbable qui se fraie un chemin entre obstacles et rebondissements !

Éditions Actes Sud, 
Collection Babel n° 986 et 1064.

Autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou

Cet été sur France Inter, j'ai écouté une émission avec Gérard Garouste, peut-être une rediffusion. J'avais déjà été sidérée de la façon plutôt tranquille dont il parlait des sujets douloureux de sa vie : la violence de son père et ses activités de collaborateur pendant la guerre, ses secrets de famille, sa folie...
Il avait l'air de tout assumer, probablement grâce à l'analyse : "Mot par mot, il m'a fallu démonter cette grande duperie que fut mon éducation". Cette façon tranquille n'est qu'une apparence, bien sûr, qui cache une lutte permanente. D'ailleurs, son livre autobiographique est intitulé L'intranquille, bien que d'un style tout aussi calme et lucide.
Cet Autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou, écrit avec Judith Perrignon, aborde aussi des sujets magnifiques comme sa peinture, sa rencontre avec Leo Castelli, son apprentissage de l'hébreu, sa fondation La Source, et surtout sa belle histoire d'amour avec Élisabeth...
Des confessions pudiques où il transmet "ce qu'il a compris". Passionnant.

Éditions Le Livre de poche, Collection Littérature & Documents, 2011, 
160 pages.

mercredi 28 septembre 2011

Sexe, drogues et punkitude

Je dois dire que je suis assez fière de la notoriété de mon blog au bout d'une seule année d'existence : depuis quelque temps, les maisons d'éditions m'envoient régulièrement leurs communiqués sur les prochaines parutions. Un livre a attiré mon attention : la réédition de Paradoxia, Journal d'une prédatrice de Lydia Lunch, qui avait déjà été publié à la Musardine, spécialisée en littérature érotique. Je me suis dit : mettons un peu de piment dans L'avis Textuel...
La préface est de Virginie Despentes et quelque chose me disait que ce ne serait pas de l'érotisme à l'eau de rose. En effet, Lydia Lunch (c'est un pseudo) n'y va pas avec le dos de la cuiller.
Et pour cause ! On se demande parfois pourquoi les autres sont parfois si différents de nous, mais notre chanteuse punk (peut-être plus connue sur les scènes underground) nous donne rapidement une raison : "New York ne m'a pas corrompue. J'y suis allée parce que je l'étais déjà. Dès l'âge de 6 ans, mes tendances sexuelles étaient encouragées par un père qui n'avait aucun contrôle sur ses fantasmes, ses penchants ou ses pulsions criminelles".
Je vous aurais prévenus : c'est trash, version hard. Mais son récit aide à comprendre comment on peut devenir ainsi.

Éditions Au Diable Vauvert, 2011, 238 pages.

mardi 27 septembre 2011

La belle vie à New York

Dans la série des "catastrophes", j'ai été servie cet été ! Après le tremblement de terre à Haïti, avec Dany Laferrière (voir ci-dessous), je me suis lancée dans la lecture de La belle vie de Jay McInerney. De cet auteur américain, j'ai déjà parlé aussi, pour dire le plus grand bien de Moi tout craché (voir ma chronique). Dans le roman La belle vie, nous côtoyons des New-yorkais avant, pendant et après le 11 septembre 2001. Comment ils réagissent face à des événements aussi radicaux : est-ce que la vie peut continuer comme avant ? Quelles questions cela soulève au sein du couple, de la famille ? Qu'est-ce qui explose ? Qu'est-ce qui se consolide ? C'est passionnant.
J'ai lu ce livre juste avant le 11 septembre 2011. Je trouvais que c'était le bon moment, la bonne distance, surtout après un voyage dans cette ville en mai, où, dix ans plus tard, le site de Ground Zero, en pleine reconstruction, m'a semblé plein d'énergie et d'optimisme.

Éditions de l'Olivier, 2007, 432 pages.

Stupeur et tremblements

Tout bouge autour de moi est le dernier livre de Dany Laferrière (un auteur que j'apprécie beaucoup et dont j'ai déjà évoqué l'œuvre). Il a écrit ce récit sur le tremblement de terre du 12 janvier 2010 à Haïti dans son style le plus pur, c'est-à-dire celui que j'aime. Pas de pathos, pas d'ostentation. Sobriété, sensibilité.
Il se trouve qu'il était à Port-au-Prince quand la terre a tremblé et il nous raconte son point de vue sur l'événement, et surtout sur Haïti.
Du coup, on ne peut pas s'empêcher de penser à d'autres pays où la stupeur et les tremblements sont quasi quotidiens : le Japon notamment. Et je pensais aussi à ma famille de Lorca, en Espagne, qui a été bien secouée le 11 mai 2011...

Éditions Grasset, 2011, 192 pages.

jeudi 18 août 2011

La vie est triste et le désir une fin

On m'a offert ce livre de Patrick Lapeyre pour le titre : La vie est brève et le désir sans fin. Tout un roman. Comme quoi, dans une librairie, souvent, on achète un livre parce que le titre nous parle déjà, parce que la couverture est jolie ou parce que l'éditeur est sérieux, en l'occurrence P.O.L.
Le roman a reçu le Prix Fémina, ça aide aussi à choisir.

Au début, j'ai eu du mal à accrocher à l'histoire : deux doubles vies imbriquées, c'est-à-dire un homme et une femme qui en trompent deux autres. Si encore les histoires d'amour se passaient dans la joie et la bonne humeur, mais non, aucun des personnages n'est heureux mais ils poursuivent quand même, portés par un désir plus fort. Le titre pourrait être plus explicite sous cette forme : La vie est triste et le désir une fin. C'est un peu déprimant, je vous préviens.
Ce qui rend le roman intéressant, c'est bien sûr le style délicat : des métaphores surprenantes, donc amusantes, et une certaine distance qui traduit bien la mélancolie et le fatalisme des narrateurs. Les dialogues aussi sont très justes. Et voilà comment on arrive à la fin du roman, dans une légèreté ouatée et engourdie. Finalement, la poésie va bien au spleen.

Éditions P.O.L, 2010, 352 pages. 

mardi 9 août 2011

Livres en randonnée

Faute de partir en randonnée à cause des chaleurs excessives de l'été, ce sont les livres qui se baladent et sortent librement des bibliothèques. C'est le principe de Livres en randonnée, comme celui de Passe-Livre ou BookCrossing ou celui de Lire à la plage.
Cet été, à Vaison-la-Romaine, comme ailleurs dans le monde, des livres sont mis à la disposition des passants, en divers points de la ville, dans la rue, sur un banc ou un muret. Une petite étiquette indique le mode d'emploi : on emprunte, on lit, on remet en circulation l'ouvrage et on le fait voyager.
Plutôt que de jeter ses livres, autant en faire profiter des vacanciers oisifs... L'initiative est belle mais j'ai eu du mal à trouver un titre intéressant jusqu'à ce que je tombe sur Le journal d'une femme de chambre d'Octave Mirbeau.
Et voilà comment "La femme de chambre", rencontrée près d'une fontaine de la vieille ville de Vaison, trouvera peut-être un nouvel emploi sur la plage des Catalans à Marseille, à moins qu'une copine la recueille quelques jours chez elle avant de la confier à quelqu'un d'autre...