jeudi 6 février 2025

Les filles prennent leurs pages

Le numéro 2 de FanMzine (lire l'entretien avec l'éditrice et directrice artistique Julie Legrand), la revue de création littéraire et visuelle, est sorti à La Réunion (depuis quelque temps déjà...).
Si FanMzine est un fanzine qui ouvre ses pages exclusivement aux femmes, il n'est pas réservé aux lectrices. Les lecteurs sont les bienvenus aussi, bien sûr !
L'œuvre de la couverture est signée par la talentueuse Flo Vandermeersch dont les bandes dessinées parues dans Le Cri du Margouillat sont toujours hilarantes et pertinentes (pour visiter son site, c'est par là).
Plus d'une trentaine d'autrices et artistes ont participé à ce numéro 2 sur le thème de la Terre, donc de l'écologie : nouvelles, poèmes, illustrations ou photos d'objets d'art.
Ce sont autant d'angles différents donc de surprises. L'un de mes textes préférés est Enfants de Gaïa de Catherine Coulombel.
Et bravo à toutes !

APDV, 2024, 100 pages.
Pour se procurer ce numéro envoyer un message à Julie Legrand ou aller sur la page Paypal via Facebook)

mardi 4 février 2025

Ce fascinant Higginson, presque oublié

Christian Garcin "rencontre" pour la première fois Thomas Wentworth Higginson dans un petit livre qui rassemble un choix de lettres d'Emily Dickinson. Thomas et Emily ont correspondu pendant vingt-quatre ans. C'est notamment grâce à lui que ses poèmes à elle ont été publiés.
Par ailleurs, l'homme a traversé l'histoire des États-Unis du XIXe siècle en s'impliquant corps et âme dans de nombreuses causes dont l'abolition de l'esclavage et le droit des femmes. En son temps, il fut reconnu comme un homme de lettres, et c'est pour cela qu'Emily s'est adressée à lui.
De pasteur à colonel, son parcours est pour le moins hors du commun et force l'admiration, mais ses contemporains ou traducteurs ne sont pas toujours tendres avec lui.
C'est entre autres ce qui a poussé Christian Garcin à s'intéresser à lui et à lui rendre justice dans ce récit biographique : La vie singulière de Thomas W. Higginson

À un siècle et demi de distance, et après l'avoir côtoyé pendant plusieurs mois avant et pendant l'écriture de ce livre, je ne peux m'empêcher de le trouver assez fascinant, Higginson — fascinant, et en même temps un peu agaçant. En fait, ce type est pour moi une énigme — c'est aussi une des raisons pour lesquelles j'ai entrepris la rédaction de ce livre.

Ce n'est pas la première fois que Christian Garcin s'intéresse aux illustres ou anonymes oubliés, comme dans Les vies multiples de Jeremiah Reynolds ou les quarante portraits poétiques (dont celui d'Emily Dickinson) de Vidas et Vies volées, pour leur redonner vie.
Et la littérature, c'est rendre vivant.

Actes Sud, 2020, 336 pages.

Un entretien et d'autres chroniques sur les ouvrages de l'auteur :

- Un entretien avec Christian Garcin
-
Une Odyssée pour Denver - Un inédit de Norwich Restinghale
- Du bruit dans les arbres
Le Bon, la Brute et le Renard
- Petits oiseaux, grands arbres creux
-
Selon Vincent
- Les oiseaux morts de l'Amérique
- Dans les pas d'Alexandra David-Néel

- Les vies multiples de Jeremiah Reynolds
- Jeremiah & Jeremiah
- Vétilles
- J'ai grandi
- Labyrinthes et Cie, La jubilation des hasards et Carnet japonais
- La neige gelée ne permettait que de tout petits pas
- Sortilège 
- Des femmes disparaissent
- Les nuits de Vladivostok
- Romans pour la jeunesse

dimanche 19 janvier 2025

Le fabuleux destin de Mimo

Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea est l'histoire d'un homme qui se meurt dans un monastère.
Qui est-il ? Que fait-il dans ce lieu où l'on nous dit, dès le début du roman, qu'il n'a pas prononcé de vœux comme les moines qui le veillent. Il est question aussi d'une statue aux pouvoirs extraordinaires...
Le mourant se remémore son destin exceptionnel, en commençant par son enfance pauvre et son apprentissage avec un sculpteur (moins talentueux que lui, donc jaloux).
Mais surtout, sa vie entière est traversée et bouleversée par un amour impossible, malgré de nombreuses et influentes rencontres secrètes, avec la riche Viola Orsini.
Sa malchance à elle est d'être née fille. Elle a beau être la plus intelligente de sa fratrie, elle sera cantonnée à un rôle de femme, malgré ses nombreuses tentatives pour vivre sa vie.
L'histoire se passe pendant la montée du fascisme en Italie.
Formidablement bien écrit, ce roman n'a pas volé son prix Goncourt 2013.

L'Iconoclaste, 2023, 580 pages.

Lire aussi ma chronique sur Ma Reine du même auteur.

jeudi 2 janvier 2025

Sur le divan

Bienvenue en thérapie, de la psychanalyste Hélène Vecchiali, se lit presque comme un roman, car c'est un essai accessible et passionnant qui s'appuie sur des exemples, vrais et de fictions.
Les 17 histoires de psychanalyse se sont déroulées dans son cabinet et se finissent bien, ce qui est assez réjouissant. Mais l'autrice précise bien, dans son introduction, que la "guérison" n'est pas toujours aussi évidente en thérapie. Parfois, le patient n'arrive pas à plonger dans son inconscient et à saisir les opportunités pour "dénouer" son mal-être.
À la suite de chaque récit, l'autrice replace le cas particulier dans un contexte général et théorique, en expliquant le trouble et son fonctionnement.
Enfin, pour illustrer, elle prend ensuite un exemple de fiction qu'elle analyse. On se rend compte que le cinéma n'est pas toujours très réaliste avec les troubles mentaux et leur résolution.
La psychanalyste souligne le courage des personnes, enfants et adultes, qui viennent jusqu'à elle. Son livre dévoile de ce qu'il se passe dans un cabinet de thérapeute et permet ainsi de clarifier les fantasmes et apaiser les craintes de ceux qui n'ont jamais oser franchir la porte d'un psy (deux Français sur trois).

Larousse, 2024, 320 pages.

vendredi 27 décembre 2024

Les arbres sacrés

L'arbre, cet être vivant qui plonge ses racines dans la terre et s'élève vers le ciel, est sacré dans bien des cultures dans le monde. Impressionnant par sa taille et sa longévité, sa présence est bénéfique.
L'autrice et ethnobotaniste Aurélie Valtat nous emmène, à travers tous les continents, découvrir 25 essences vénérées ici ou là : du chêne européen au cerisier japonais en passant par le baobab malgache.
Une exploration des rituels et légendes qui entourent les arbres, avec de superbes photos à l'appui.

Eyrolles, 2024, 208 pages.

Voir aussi le film La Puissance de l'arbre de Jean-Pierre et Anna Duval avec l'ingénieur forestier Ernst Zürcher auprès des arbres remarquables suisses. 



mardi 26 novembre 2024

Dans les arcanes de l'édition

Pascal Bresson s'inspire du roman de David Foenkinos, Le mystère Henry Pick, pour le scénario de la bande dessinée du même nom. Les dessins sont d'Ilaria Tebaldini.
L'histoire se passe dans le monde de l'édition.
Une éditrice passionnée, qui travaille chez Grasset (l'éditeur de Foenkinos), publie un jeune romancier qu'elle trouve talentueux.
Ils tombent amoureux et s'installent ensemble. Malheureusement, son livre est un échec.
Elle trouve ensuite un manuscrit génial dans une bibliothèque qui reçoit les manuscrits refusés (à condition qu'on vienne les déposer en personne). L'auteur, le fameux Henri Pick, est mort mais cachait bien son jeu. En tout cas, il n'a pas le profil d'un écrivain.
Le livre rencontre un grand succès. Mais un critique littéraire enquête car il ne croit pas à cet auteur.
Qui est le véritable et mystérieux écrivain ? 
La morale de l'histoire n'est-elle pas que le succès d'un livre ne tient pas toujours à son texte mais à l'histoire qui plane autour ?

La Boîte à bulles, 2024, 168 pages.

Deux Nothomb, deux ovations

Elle écrit plus vite que son ombre, au creux de la nuit, et ne publie que le quart.
Franchement chapeau ! (c'est le cas de dire, eu égard à sa collection).
L'impossible retour est le récit d'un voyage avec une amie française, la photographe Pep Beni, qui a gagné un séjour d'une dizaine de jours au Japon pour deux et a décidé de prendre Amélie pour guide.
Ce périple est rocambolesque et plein d'humour, bien que source d'angoisses et d'émotions.
La quatrième de couverture est aussi brève que juste : 

"Tout retour est impossible, l'amour le plus absolu n'en donne pas la clef."

C'est une variation de son roman La nostalgie heureuse, récit romancé d'un autre retour au Japon. 

Dans cet élan de plaisir de lecture, je m'attaque à Psychopompe.
Là aussi, la quatrième de couverture est parfaite :

"Écrire, c'est voler."

Où Amélie Nothomb nous raconte sa passion pour les oiseaux depuis l'enfance et son fantasme de voler, qu'elle a sublimé dans l'écriture.
Je serai aussi brève que ces quatrièmes : bravo !

Albin Michel, 2024 et 2023, 160 pages.

Lire aussi mes chroniques sur :
- La Nostalgie heureuse ;
- Une forme de vie.