vendredi 4 avril 2025

Des photos et des femmes

Pour son quatrième livre, Michelle Willi écrit des histoires courtes, de trois pages environ, en vis-à-vis de très belles photos dont elle est également l'autrice pour la plupart.
Son recueil a pour titre Des moments d'Elles car elle donne la parole à des femmes ou les met en lumière. Elle fait naître des instants suspendus, des bribes d'histoires, des moments cruciaux de la vie de ces femmes qui ont tous les âges, de l'état d'embryon jusqu'à une centenaire.
Les situations dramatiques — une femme battue, une enfant abusée... —, ou plus quotidiennes et émouvantes, sont finalement éclairées par un éclair de magie. 

Éditions sous le vent, 2025, 70 pages.

L'ouvrage est en vente à la librairie Montfort de Vaison-la-Romaine, au Point presse et à l'office de tourisme d'Entrechaux (Vaucluse).

Lire aussi ma chronique sur un autre ouvrage de Michelle Willi : L'Attente.

mercredi 2 avril 2025

Nouvelles de l'étrange

Fidèle à son style étrange et dérangeant (lire cette autre chronique sur l'autrice), la Japonaise Yôko Ogawa nous invite, dans ce recueil de nouvelles, Scènes endormies dans la paume de la main, dans le huis-clos des théâtres, parfois abandonnés ou décoratifs, ou juste à côté pour suivre une femme qui ne va pas aux spectacles mais collectionne les autographes.
En japonais, le théâtre se dit "boîte" et il y en a aussi.
La scène est un univers à part, celui du faux, de l'illusion qui dit vrai, du spectacle qui laisse à distance le public. Comme dans ces nouvelles qui nous emmènent dans un univers envoûtant, étonnant, mais auquel l'autrice arrive à nous faire croire car il est aussi familier...
Le titre poétique et énigmatique fait probablement référence au recueil de nouvelles Récits de la paume de la main de Yasunari Kawabata où il écrit : Montrez-moi votre âme en la posant sur la paume de ma main. Telle une boule de cristal. Et moi, je la dessinerai avec mes mots...

Actes Sud, 2025, 288 pages.

lundi 17 mars 2025

Le monde fascinant des mousses

Comme Olivier Liron, nous sommes nombreux (moi par la première) à être fascinés par les mousses. Ceux qui ne le sont pas encore liront son Éloge des mousses et le deviendront.
Nous savons peu de choses sur ce végétal qui n'a pas de racines, vert comme l'espoir (mais pas seulement), spongieux parfois, aux aspects si différents.
Les bryophytes, de leur nom savant, font partie des plus anciennes plantes terrestres, descendantes des algues, et sont quasiment immortelles puisqu'elles se régénèrent dès la première goutte d'eau.
À les observer de près, nous voyons des îles, des paysages, dans ces minuscules coussins... Elles évoquent des tapis de fraîcheur.
À la fois scientifique, sensible et poétique, cet Éloge des mousses allie nature et culture, et nous transporte aux pays des merveilles du vivant.
Point n'est besoin d'aller au bout du monde pour admirer les jardins de mousses japonais : ces belles discrètes sont au coin de la rue, ou au fond des bois. Il suffit d'ouvrir l’œil.
D'ailleurs, l'auteur invente le terme de moussothérapie pour parler de cet émerveillement si particulier à la vue et au toucher des mousses.
Comme nous le comprenons !

Rivages, 2025, 160 pages.

Lire aussi mes chroniques sur Louange des mousses de Véronique Brindeau et le roman Mousse de Klaus Modick.

dimanche 16 mars 2025

Les ateliers de Jeanne Benameur

Jeanne Benameur, plus connue pour ses romans et recueils de poésie, a écrit un "Récit de transmission" : Vers l'écriture.
C'est son expérience des ateliers d'écriture qu'elle a conduit et qu'elle partage.

Je crois au verbe. À sa puissance à nous transformer. Je crois à la silencieuse insurrection du mot juste. 

Dans cet essai, l'autrice aborde ce qui se joue dans le fait d'écrire, aussi bien pour les personnes cultivées que pour celles qui ont perdu l'habitude ou le goût d'écrire.
En tant qu'animatrice d'ateliers, elle parle de ses expériences, des tentatives, des difficultés et des émotions qu'elle a traversées.
Si une consigne est donnée pour écrire, il est bon aussi qu'elle soit contournée, détournée, avec humour et inventivité. 

Actes Sud, 2025, 176 pages.

samedi 15 mars 2025

Façons d'écrire

"Les choses ne sont pas difficiles à faire, ce qui est difficile c'est de nous mettre en état de les faire", disait le sculpteur Constantin Brancusi.
Oui, créer est souvent difficile (parfois joyeux), mais comment conjurer l'inquiétude ?
Si l'on s'intéresse à la création littéraire, comment vaincre les difficultés pour se mettre à écrire, s'organiser, trouver du temps, puis persévérer ?
Ce sont les questions qu'a posé Belinda Cannone à une quinzaine d'auteurs et autrices de romans, nouvelles, essais ou poésie : Nathalie Azoulai, Jean-Christophe Bailly, Miguel Bonnefoy, Emmanuel Carrère, François-Henri Désérable, Jean Echenoz, Jérôme Garcin, Cécile Guilbert, Lilia Hassaine, Marie-Hélène Lafon, Gérard Macé, Nicolas Mathieu, Marie Ndiaye, Maria Pourchet, Jean-Pierre Siméon.
Belinda Cannone partage également ses propres marottes et pratiques, car chacun invente et trouve ses rituels, ses manies, ses méthodes pour commencer à écrire, trouver un rythme (ou pas), résister aux doutes.
Certains affirment qu'ils n'ont pas de routine ou de discipline (comme Marie Ndiaye), mais la plupart se plaisent dans certaines conditions et processus, des lieux, avec certains objets...
Leurs "habitudes" sont parfois très originales, et c'est cette diversité qui est intéressante.
Quant aux lecteurs qui écrivent (ou en ont envie), et cherchent un "truc" qui leur convienne, pour lancer des chantiers — et tenir la route —, ils trouveront forcément, dans ce foisonnement passionnant, de quoi s'inspirer.
Formidable !

Éditions Thierry Marchaisse, 2025, 2028 pages.

Lire aussi les chroniques sur d'autres ouvrages, dirigés avec Christian Doumet, de Belinda Cannone chez le même éditeur :
- Dictionnaire des mots manquants
- Dictionnaire des mots en trop
- Dictionnaire des mots parfaits.

Écouter un entretien avec Belinda Cannone à propos de ce livre.

jeudi 13 mars 2025

Habitantes des rues

Vivre dans la rue doit être une des expériences les plus éprouvantes et fragilisantes qui soit pour un être humain, et d'autant plus pour une femme.
Berenice Peñafiel enseigne notamment la sociologie, l'anthropologie du corps et la sociologie de la précarité. Elle s'est penchée sur le sort de ces femmes qu'elle nomme "habitantes des rues", et qui sont très peu étudiées dans les enquêtes sur les sans abri, et donc presque invisibles, cachées.
Elles vivent dans la rue, donc dans la précarité la plus totale puisqu'elles n'ont aucune commodité ni protection.
Alors qu'elles sont vulnérables et parfois isolées, l'autrice ne les présente pas comme des victimes (bien qu'elles soient sans cesse en danger, harcelées...), mais comme actrices de leur vie car elles mettent en place des stratégies pour résister. Elles doivent en permanence s'adapter pour conserver leurs affaires, manger, trouver un endroit pour la nuit, accéder à des toilettes, se laver, garder une hygiène au moment des règles. Ce qui est à recommencer chaque jour et chaque nuit, été comme hiver. Et le moindre imprévu devient fatal.
À partir d'enquêtes et de témoignages sur le quotidien d'une dizaine de femmes aux parcours très différents, l'autrice mène une étude concrète, bouleversante et poignante.

Terre Urbaine, collection L'esprit des Villes, 2025, 208 pages (préface de David Le Breton).

lundi 10 mars 2025

Histoires à dormir debout

Les vingt-cinq Nouvelles nocturnes de Bernard Quiriny sont fantaisistes, invraisemblables, à dormir debout.
Ses univers et ses personnages sont totalement décalés, farfelus, cruels, étranges, troublants... avec le plus grand naturel.
Il arrive que la mort n'ait pas de prise sur certaines personnes ou qu'elles ne présente pas de danger, ou que les crimes soient commis à des fins plus ou moins futiles et sans trop de culpabilité (Comment j'ai rencontré Sherlock Holmes, Le Puits, Le barrage sur la Rustule).
Les lieux, rues ou maisons, gardent parfois la mémoire de leur passé (Trois maisons hantées).
Elles sont parfois drôles et absurdes, comme celle de l'étudiant qui écrit et soutient une thèse sur rien (Le gai savoir) ou les Amusants musées.
Surprises à toutes les pages !

La plus courte nouvelle et la plus poétique :

Nouvelle nocturne
Un jour le soleil fatigué brillera moins, nous n'aurons plus le choix qu'entre le soir et la nuit.

Rivages, 2025, 224 pages.

Lire aussi la chronique sur Histoires assassines.

Pour une révolution tranquille

Comment écrire un livre sur la paresse alors que cela demande un travail colossal, que la charge mentale est déjà énorme et le manque d'argent à l'avenant ?
C'est le défi des autrices canadiennes Geneviève Morand et Natalie-Ann Roy, dans cet essai Libérer la paresse, qui se sont déjà penchées sur les péchés capitaux — version féministe — dans les ouvrages collectifs Libérer la colère et Libérer la culotte (sur la luxure).
Est-ce que la paresse est un droit ? Est-ce que le repos n'est qu'une façon de mieux travailler ?
Même le congé pour maladie ne donne pas droit à la paresse tant il est précisément calculé pour nous faire reprendre du service à peine remis sur pieds.
Le collectif d'autrices dénonce tout ce qui peut mener au burn-out (mais qui peut avoir le bon côté de permettre de se découvrir) et se demande qui peut se permettre de rien faire (fare niente en italien). Même se révolter et se battre contre le système demande beaucoup d'énergie, tout comme résister.
Le droit à la paresse n'existe pas vraiment, hors privilégiés, donc savourez ces minutes volées à l'activité par une "révolution tranquille".
Un livre dense et passionnant.

En annexe, un beau texte d'Heather O'Neill : Un lit à soi

Les éditions du Remue-Ménage, 2025, 290 pages (illustrations).

Avec Sayaka Araniva-Yanez, Joëlle Basque, Roxanne Bélair, Rébecca Boily-Duguay, Gabrielle Boulianne-Tremblay, Emilie S. Caravecchia, Zed Cézard, Josiane Cossette, Karine Côté-Andreetti, Marie-Pierre Duval, Yara El-Soueidi, Florence Sara G. Ferraris, Amélie Gillenn, J.D. Kurtness, Melissa Mollen Dupuis, Geneviève Morand, Heather O’Neill, Joanie Pietracupa, Nathalie Plaat, Pascal Raud (tiens, un garçon !), Shirley Rivet, Natalie-Ann Roy, Catherine Voyer-Léger et Cathy Wong.

Célébrons la beauté du vivant !

C'est bientôt le printemps et la plus belle saison (selon ma subjectivité) pour célébrer la beauté du vivant.
Le botaniste Francis Hallé dans ce très beau livre, La beauté du vivant, nous convie — à travers ses nombreux et propres dessins — à un voyage en quête de beauté dans le monde végétal, mycologique, animal, humain...
Sa définition (en construction) de la beauté n'est pas celles des dictionnaires, trop restrictives et se contentant de décrire l'effet sur l'être humain. La connaissance peut aussi aider à rapprocher l'homme de la nature, bien que certains scientifiques méprisent la notion de beauté.

"La Beauté du vivant doit être la jeunesse et l'audace, le bonheur et l'émerveillement qui nous font voir la nature pour ce qu'elle est, le vrai Paradis sur terre, l'antidote parfait au capitalisme débridé, et à ses productions qui nous envahissent, béton, parkings, publicité omniprésente, bruits de moteur et gaz d'échappement", écrit l'auteur en introduction.

La beauté est parfois invisible, comme l'étrange "sentiment océanique" (au sens d'infini) qui est une expérience psychique qui nous submerge un instant et donne l'impression de disparaître, ou de faire vraiment partie de la nature (ce qui devrait être notre nature).
Ce sentiment de plénitude absolue peut aussi arriver en ville, ou devant un livre comme celui-ci, mais il est plus courant de le ressentir en pleine forêt.

Actes Sud, 2024, 160 pages (22 x 32 cm), préface d'Ernst Zürcher.

dimanche 9 mars 2025

Objets intersidéral et littéraire

Le cinquième diamant d'Éric Faye est l'histoire d'un couple d'astrophysiciens et chasseurs d’astéroïdes américains qui découvre et observe un objet intersidéral inconnu.
Pendant ce temps, des phénomènes étranges se passent en Russie où des missiles sont mystérieusement mis en veille. Pour eux, c'est forcément l'œuvre des Américains. Ce n'est pas le cas, mais la CIA est sur le coup.
Y a-t-il une autre vie dans une autre galaxie ? Les scientifiques ne sont pas tous d'accord sur la découverte. Un débat télévisé — comme toujours en fonction de l'orientation et de l'habileté des invités — n'aide pas à informer clairement. Les complotistes et les religieux s'en mêlent.
Intimidations, empoisonnements, vols de documents, secrets d'État, désinformation, énigmes scientifiques, concurrence entre chercheurs, mais aussi tourments personnels et parentaux... sont autant de rebondissements et d'ingrédients foisonnants pour une intrigue passionnante.
Si le roman prend un air de roman d'espionnage, il est bien plus que cela.
Ce n'est certainement pas un hasard si le couple vit à Concord où Henry David Thoreau avait construit sa cabane.
En tant qu'ancien journaliste, Éric Faye s'appuie sur des faits et situations réels. Son roman frôle la réalité ; raison de plus pour qu'il donne des frissons...

Le Seuil, 2025, 352 pages.  

À lire aussi d'autres chroniques sur les livres de l'auteur dans ce blog :
- Fenêtres sur le Japon
- Dans les pas d'Alexandra David-Néel
-
Nagasaki
-
Malgré Fukushima - Journal japonais

samedi 8 mars 2025

Niki, artiste grandiose

Pourquoi l'artiste Niki de Saint Phalle fascine autant ? Est-ce dû à sa beauté, son histoire, son avant-gardisme, son féminisme, son talent, son succès international ?
Films, œuvres littéraires et bien sûr expositions ne cessent de lui rendre hommage, de s'inspirer de sa vie et de son œuvre, de la façon dont elle a réussi à transformer sa colère et ses blessures en art. 
Ses œuvres sont un exutoire violent comme les Tirs, puis deviennent plus gaies et colorées avec ses immenses Nanas.
Dès l'enfance, elle est décalée, incomprise partout, et ne supporte pas l'éducation rigide de sa mère. Elle-même aura du mal à être mère.
Charlotte Barberon peint un portrait kaléidoscopique et captivant de Niki de Saint Phalle dans son roman biographique En plein ventre. Elle inclut des textes autobiographiques de l’artiste.
Les chapitres chronologiques sur son parcours depuis l'enfance alternent avec des chapitres intitulés Hon, comme cette œuvre monumentale exposée en 1966 au musée d'art moderne de Stockholm qu'elle parcourt encore juste avant l'ouverture au public de l'exposition.
On y croit.

Ateliers Henri Dougier, 2025, 280 pages.

Sur Niki de Saint Phalle, lire aussi :
- Mon secret
- Comment Niki de Saint Phalle est devenue artiste.

jeudi 6 février 2025

Les filles prennent leurs pages

Le numéro 2 de FanMzine (lire l'entretien avec l'éditrice et directrice artistique Julie Legrand), la revue de création littéraire et visuelle, est sorti à La Réunion (depuis quelque temps déjà...).
Si FanMzine est un fanzine qui ouvre ses pages exclusivement aux femmes, il n'est pas réservé aux lectrices. Les lecteurs sont les bienvenus aussi, bien sûr !
L'œuvre de la couverture est signée par la talentueuse Flo Vandermeersch dont les bandes dessinées parues dans Le Cri du Margouillat sont toujours hilarantes et pertinentes (pour visiter son site, c'est par là).
Plus d'une trentaine d'autrices et artistes ont participé à ce numéro 2 sur le thème de la Terre, donc de l'écologie : nouvelles, poèmes, illustrations ou photos d'objets d'art.
Ce sont autant d'angles différents donc de surprises. L'un de mes textes préférés est Enfants de Gaïa de Catherine Coulombel.
Et bravo à toutes !

APDV, 2024, 100 pages.
Pour se procurer ce numéro envoyer un message à Julie Legrand ou aller sur la page Paypal via Facebook)

mardi 4 février 2025

Ce fascinant Higginson, presque oublié

Christian Garcin "rencontre" pour la première fois Thomas Wentworth Higginson dans un petit livre qui rassemble un choix de lettres d'Emily Dickinson. Thomas et Emily ont correspondu pendant vingt-quatre ans. C'est notamment grâce à lui que ses poèmes à elle ont été publiés.
Par ailleurs, l'homme a traversé l'histoire des États-Unis du XIXe siècle en s'impliquant corps et âme dans de nombreuses causes dont l'abolition de l'esclavage et le droit des femmes. En son temps, il fut reconnu comme un homme de lettres, et c'est pour cela qu'Emily s'est adressée à lui.
De pasteur à colonel, son parcours est pour le moins hors du commun et force l'admiration, mais ses contemporains ou traducteurs ne sont pas toujours tendres avec lui.
C'est entre autres ce qui a poussé Christian Garcin à s'intéresser à lui et à lui rendre justice dans ce récit biographique : La vie singulière de Thomas W. Higginson

À un siècle et demi de distance, et après l'avoir côtoyé pendant plusieurs mois avant et pendant l'écriture de ce livre, je ne peux m'empêcher de le trouver assez fascinant, Higginson — fascinant, et en même temps un peu agaçant. En fait, ce type est pour moi une énigme — c'est aussi une des raisons pour lesquelles j'ai entrepris la rédaction de ce livre.

Ce n'est pas la première fois que Christian Garcin s'intéresse aux illustres ou anonymes oubliés, comme dans Les vies multiples de Jeremiah Reynolds ou les quarante portraits poétiques (dont celui d'Emily Dickinson) de Vidas et Vies volées, pour leur redonner vie.
Et la littérature, c'est rendre vivant.

Actes Sud, 2020, 336 pages.

Un entretien et d'autres chroniques sur les ouvrages de l'auteur :

- Un entretien avec Christian Garcin
-
Une Odyssée pour Denver - Un inédit de Norwich Restinghale
- Du bruit dans les arbres
Le Bon, la Brute et le Renard
- Petits oiseaux, grands arbres creux
-
Selon Vincent
- Les oiseaux morts de l'Amérique
- Dans les pas d'Alexandra David-Néel

- Les vies multiples de Jeremiah Reynolds
- Jeremiah & Jeremiah
- Vétilles
- J'ai grandi
- Labyrinthes et Cie, La jubilation des hasards et Carnet japonais
- La neige gelée ne permettait que de tout petits pas
- Sortilège 
- Des femmes disparaissent
- Les nuits de Vladivostok
- Romans pour la jeunesse

dimanche 19 janvier 2025

Le fabuleux destin de Mimo

Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea est l'histoire d'un homme qui se meurt dans un monastère.
Qui est-il ? Que fait-il dans ce lieu où l'on nous dit, dès le début du roman, qu'il n'a pas prononcé de vœux comme les moines qui le veillent. Il est question aussi d'une statue aux pouvoirs extraordinaires...
Le mourant se remémore son destin exceptionnel, en commençant par son enfance pauvre et son apprentissage avec un sculpteur (moins talentueux que lui, donc jaloux).
Mais surtout, sa vie entière est traversée et bouleversée par un amour impossible, malgré de nombreuses et influentes rencontres secrètes, avec la riche Viola Orsini.
Sa malchance à elle est d'être née fille. Elle a beau être la plus intelligente de sa fratrie, elle sera cantonnée à un rôle de femme, malgré ses nombreuses tentatives pour vivre sa vie.
L'histoire se passe pendant la montée du fascisme en Italie.
Formidablement bien écrit, ce roman n'a pas volé son prix Goncourt 2013.

L'Iconoclaste, 2023, 580 pages.

Lire aussi ma chronique sur Ma Reine du même auteur.

jeudi 2 janvier 2025

Sur le divan

Bienvenue en thérapie, de la psychanalyste Hélène Vecchiali, se lit presque comme un roman, car c'est un essai accessible et passionnant qui s'appuie sur des exemples, vrais et de fictions.
Les 17 histoires de psychanalyse se sont déroulées dans son cabinet et se finissent bien, ce qui est assez réjouissant. Mais l'autrice précise bien, dans son introduction, que la "guérison" n'est pas toujours aussi évidente en thérapie. Parfois, le patient n'arrive pas à plonger dans son inconscient et à saisir les opportunités pour "dénouer" son mal-être.
À la suite de chaque récit, l'autrice replace le cas particulier dans un contexte général et théorique, en expliquant le trouble et son fonctionnement.
Enfin, pour illustrer, elle prend ensuite un exemple de fiction qu'elle analyse. On se rend compte que le cinéma n'est pas toujours très réaliste avec les troubles mentaux et leur résolution.
La psychanalyste souligne le courage des personnes, enfants et adultes, qui viennent jusqu'à elle. Son livre dévoile de ce qu'il se passe dans un cabinet de thérapeute et permet ainsi de clarifier les fantasmes et apaiser les craintes de ceux qui n'ont jamais oser franchir la porte d'un psy (deux Français sur trois).

Larousse, 2024, 320 pages.